La « rage des mamans » et pourquoi il ne s’agit pas seulement d’un sentiment de colère, selon un expert

Une bonne mère doit posséder un certain nombre de qualités (même si ces qualités sont totalement déconnectées de la réalité) : vous parlez d’une voix douce et gentille. Vous faites preuve d’une grande patience, même lorsque vos enfants détruisent la maison et refusent de manger leurs légumes. Vous avez l’art de laisser le stress retomber sur votre dos tout en jonglant tranquillement avec les tâches quotidiennes liées à l’éducation des enfants… jusqu’à ce que vous n’en puissiez plus.

En une seconde, alors que vous êtes en train de préparer le dîner, votre enfant renverse son lait et la casserole d’eau sur la plaque de cuisson se met à bouillir simultanément. Il n’en faut pas plus pour que vous entriez dans une « rage de maman », qui vous fait claquer les armoires et crier que vous devez être tout pour tout le monde.

Quelle que soit la manière dont elle se manifeste, la rage maternelle prend souvent les mamans au dépourvu et peut nous laisser un sentiment d’impuissance et de culpabilité. Mais la rage maternelle est plus fréquente qu’on ne le pense, et savoir pourquoi elle se produit – et comment mieux gérer ces émotions avant d’exploser – est bénéfique pour tout le monde. Nous nous sommes donc tournés vers les experts.

Qu’est-ce que la « rage des mères » ?

La rage des mères, parfois appelée « rage maternelle », n’est pas un diagnostic officiel. Il s’agit plutôt d’un terme utilisé pour « décrire les sentiments intenses de frustration, de colère ou d’accablement éprouvés par les mères ou les figures parentales », explique à fafaq Caroline Fenkel, DSW, LCSW, spécialiste de la santé mentale et de l’éducation parentale et directrice clinique de Charlie Health. « La rage de la mère se manifeste par une explosion émotionnelle souvent déclenchée par des défis parentaux ».

Selon une étude publiée en 2023 dans la revue Sex Roles, les attentes placées sur les femmes et les mères lorsqu’il s’agit d’exprimer les défis et les émotions liés à la maternité sont inextricablement liées aux crises de rage de la mère.

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L’étude explique que l’on attend des mères non seulement qu’elles fassent passer les besoins des autres avant les leurs, mais aussi que « souvent, le travail maternel (c’est-à-dire les responsabilités perçues et les performances appropriées de la maternité) suggère que les mères doivent également être un centre de calme, de soutien et de soins pour leurs réseaux familiaux élargis ». Ces attentes créent un contexte dans lequel les mères doivent gérer leurs émotions, malgré les tensions et les facteurs de stress qu’elles subissent elles-mêmes, et apporter leur soutien à leur famille pour être une « bonne » mère.

En d’autres termes, on dit aux mères qu’elles doivent « s’en sortir » lorsqu’elles sont confrontées à des difficultés dans leur rôle de mère. De plus, on nous fait croire que nous faisons mal notre travail de mère si nous nous plaignons. Cette combinaison crée une tempête parfaite de frustration qui ne peut que monter en flèche.

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Quels sont les signes et les déclencheurs courants de la « rage de maman » ?

Selon le Dr Fenkel, les signes les plus courants indiquant qu’une mère est au bord d’un épisode de rage comprennent « une irritabilité accrue, un épuisement fréquent ou une difficulté à gérer les tâches quotidiennes », qui sont souvent provoqués par « le manque de sommeil, le sentiment d’être débordé et le manque de temps personnel ».

Ann Hand, mère de trois jeunes garçons, explique à fafaq que le sentiment de devoir « tout faire » a été le principal déclencheur de sa rage de maman. « Les exigences du travail et de la maternité m’ont épuisée, stressée et frustrée », explique-t-elle. J’ai remarqué chez moi quelques signes de « rage de maman » : je m’irritais facilement pour de petites choses, je m’emportais contre mes enfants », reconnaît-elle. « Dans ces moments-là, je me surprenais à jurer, à crier et à sentir la tension monter dans mon corps.

Mme Hand explique que dans ces moments-là, elle « n’était pas celle que je voulais être ». Une fois la rage passée, elle s’est sentie « submergée par la culpabilité ».

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Que faire lorsque vous sentez venir la rage de maman ?

Connaître les éléments déclencheurs de ces sentiments peut vous aider à réagir rapidement pour calmer vos nerfs. « Je préconise souvent des techniques d’ancrage immédiat », explique le Dr Fenkel. « Elle recommande la méthode 4-7-8, qui consiste à inspirer pendant 4 secondes, à retenir son souffle pendant 7 secondes et à expirer pendant 8 secondes, comme première étape pour réduire la tension qui s’accumule.

« En outre, encourager une pause – s’éloigner momentanément, rechercher un moment de solitude ou s’engager dans une brève activité physique – permet une réinitialisation cruciale », explique le Dr Fenkel.

Comment éviter que la rage des mères n’éclate dès le départ ?

L’idéal serait d’empêcher la rage des mères de se manifester, et il existe des mesures que vous pouvez prendre pour éviter de vous retrouver au bout du rouleau. Le Dr Fenkel vous propose les mesures suivantes :

  • Accordez la priorité aux soins personnels, en pratiquant la pleine conscience, en vous reposant suffisamment et/ou en vous adonnant à des activités qui vous apportent de la joie.
  • Maintenez une communication ouverte avec votre partenaire ou votre coparent si vous en avez un.
  • Ouvrez-vous à vos systèmes de soutien et soyez honnête sur vos sentiments.
  • Reconnaissez vos limites.
  • Demandez de l’aide à vos proches si nécessaire.

Mme Hand raconte que les trois changements pratiques qu’elle a apportés à la gestion de son foyer ont considérablement réduit ses expériences de rage de la mère. « Le travail était une source majeure de stress pour moi », explique Mme Hand. « J’ai donc décidé de démissionner de mon poste à haute pression et de passer à un travail à temps partiel, ce qui a considérablement atténué le stress au sein de notre foyer.

Une autre mesure qu’elle a prise à la maison s’articule autour d’un élément déclencheur : les retards et les bousculades. « Lorsque nous devons partir à une heure précise, je m’assure de donner à mes enfants suffisamment de temps pour se préparer », explique Mme Hand. « Nous essayons également de limiter l’utilisation de la technologie, qui est un élément déclencheur important pour mes garçons, et nous essayons donc de limiter le temps passé sur ce type d’appareils.

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Prendre soin de soi est un autre facteur important qui aide Hand à ne pas se laisser déborder, et cela n’a pas besoin d’être quelque chose d’extravagant. « Faites une promenade, non seulement pour votre bien-être physique, mais aussi pour votre santé mentale », explique-t-elle. « Cette habitude quotidienne m’a énormément aidé. Le Dr Fenkel ajoute : « Prendre soin de soi joue un rôle essentiel dans la gestion de la rage, et il est temps que les mamans accordent la priorité à leur bien-être. »

Quand il est temps de demander l’aide d’un professionnel

Pour certaines mamans, la colère et la frustration peuvent persister malgré le fait qu’elles aient mis en place des limites réfléchies et qu’elles soient conscientes des éléments déclencheurs. Dans ce cas, le Dr Fenkel estime qu’il est préférable de demander l’avis d’un professionnel.

« Les signes indiquant qu’une mère devrait envisager de demander l’aide d’un professionnel comprennent des relations tendues, des sentiments de détresse persistants, un épuisement physique et mental et un sentiment d’épuisement professionnel », note le médecin.

« Il est essentiel d’encourager une communication ouverte sur ces défis et de réduire la stigmatisation qui entoure la recherche d’aide », explique-t-elle. « Les mères doivent être rassurées sur le fait que demander de l’aide, que ce soit par l’intermédiaire de réseaux personnels ou de services professionnels, est une démarche courageuse et responsable pour assurer leur bien-être et celui de leur famille.

En fin de compte, le Dr Fenkel souhaite que les mères se souviennent qu' »être mère est un travail très difficile, et qu’il n’y a pas de mal à demander de l’aide ! »

Les coachs parentaux ont le vent en poupe. Devriez-vous en engager un ?Source de l’image : Getty / Archive Holdings Inc.